Suite à notre AG du 30 avril dernier, tous les membres sortants du Conseil de Gestion ont été réélus. Dans la foulée, ce dernier s’est réuni et a réélu de nouveau Roger FERNANDEZ au poste de président, ce qui sera son dernier mandat, nous a-t-il expliqué. Nous l’avons interviewé afin de comprendre le regard qu’il porte sur cette jeune entreprise dont il assure la présidence depuis sa naissance.
Où en est l’entreprise aujourd’hui ?
Après 6 ans de fonctionnement, deux centrales photovoltaïques sont en exploitation et une en projet à l’HAPA d’Apt. Nous développons en parallèle un projet de méthanisation en Pays d’Apt.
Côté finance, concernant le financement de la centrale 104 à Apt (toitures LSB La Salle Blanche), l’avance de trésorerie de la Région est totalement remboursée. Et le prêt de la Nef est déjà remboursé à 40%. La mobilisation des premiers et des nouveaux sociétaires a permis de construire une nouvelle centrale photovoltaïque au Village à Cavaillon sans recours à des emprunts bancaires, afin de mettre en place un circuit-court économique. Pour le projet HAPA à Apt, il nous manque encore 60 000 €.
En quoi consiste ton travail au quotidien ?
Je m’occupe des aspects administratifs (sociétariat, comptabilité, facturations, suivi TVA et impôts…), de représenter Lucisol dans diverses manifestations pour promouvoir et expliquer notre démarche, mais aussi du volet Recherche & Développement, recherche de fournisseurs, réponses à des appels à projets ou manifestations et enfin l’animation de la gouvernance avec les membres du conseil de gestion. Tout cela représente environ une semaine de travail par mois.
Quel regard portes-tu sur l’évolution de l’entreprise ?
Depuis la création de l’entreprise, il y a une vingtaine de projets qui ont été envisagés, pour trois réussites à ce jour. Il y a eu des projets abandonnés car non viables sur le plan économique, mais aussi des interlocuteurs qui tardent à s’engager alors que les projets sont viables. Des propriétaires fonciers ont hésité à s’engager avant de renoncer au dernier moment. C’est la vie d’une entreprise normale !
Répondre à des marchés privés avec un critère de compétition demande du temps et est coûteux. C’est un contresens économique qui épuise tous les acteurs. A contrario, la démarche coopérative que nous avons menée avec la SCI Les Chênes Verts, le Village et l’HAPA s’est avérée efficace. Nous continuerons à défendre notre modèle coopératif !
Le fait d’avoir la confiance des sociétaires et militants engagés dans l’aventure LUCISOL constitue une source de satisfaction et de motivation à conduire l’entreprise. La transition énergétique doit être accompagnée d’une transition économique pour réussir et doit s’appuyer sur la sobriété énergétique en premier pilier. Ce qui me motive, c’est que l’énergie doit être un bien commun géré par des citoyens, et non un bien commun géré par des sociétés capitalistiques où il s’agit simplement de remplacer le pétrole par le soleil.
J’ai eu quelques déceptions sur certains projets non retenus, car nos offres étaient pourtant très proches de nos concurrents. Mais les choses évoluent actuellement localement avec les collectivités, témoin la convention de partenariat que nous venons de signer avec la CCPAL.
J’aurais aimé aussi que nous soyons plus de sociétaires à ce jour. Peut-être avons-nous pêché en termes de présence et de communication, mais nous avons peu de moyens. Nous nous appuyons principalement sur le bénévolat. Le bouche-à-oreille et l’informel restent primordiaux pour développer le sociétariat. Tous les sociétaires ont un rôle à jouer pour intéresser de nouvelles personnes à nous rejoindre.
Quels sont les objectifs pour ce dernier mandat de président ?
Réussir à pérenniser l’entreprise ! En sachant que nos moyens devraient s’accroître avec la mise en route des deux dernières centrales ainsi qu’avec l’accès à des financements publics pour le projet méthanisation qui va demander un travail important de recherche de partenaires fiables pour approvisionner le méthaniseur.
Avec la concrétisation de ce dernier projet, nous atteindrons une production d’énergie d’environ 1 MWh/an. Nous dégagerons ainsi des résultats financiers suffisants pour recruter en interne un dirigeant en charge de la gestion et de la commercialisation. D’autant plus que nous n’aurons quasiment plus d’intérêts à rembourser, moins de charges financières et d’amortissement, et que nous aurons aussi quasiment remboursé le compte-courant d’associé d’Energie Partagée.